Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Swiss Gay Pride 2006 Lausanne - Suisse
11 juillet 2006

The Young Gods XXY : 1985 – 2005 : Pour aller plus loin....

THE YOUNG GODS XX Years 1985-2005
The Young Gods XXY : 1985 – 2005
David Stubbs
Trad : J. Narby

THE YOUNG GODS EXISTENT DEPUIS 20 YEARS ON AURAIT PU CROIRE QUE LE RESTE DE LA PLANÈTE ROCK AURAIT EU LE TEMPS DE LES RATTRAPER. MAIS AU LIEU DE CELA, LE ROCK EST PARTI DANS L’AUTRE SENS, COMME EFFRAYÉ PAR LE XXIE SIÈCLE, SE RÉFUGIANT DANS LE RÉTRO, LE KITSCH, LE NÉO-CONSERVATEUR, ET LA COPIE COMMERCIALE DU PASSÉ THE YOUNG GODS ARE FURTHER AHEAD THAN EVER.

Au début des années 1980, Franz Treichler s’ennuyait déjà de la musique rock conventionnelle, la soi-disant « nouvelle vague ». Excellent guitariste, de formation classique, il délaissa pourtant son instrument et se mit à jouer avec une technologie fraîchement débarquée sur le marché,

LE SAMPLER
EN1985, THE YOUNG GODS SE SONT FORMÉS EN SUISSE, Les samplers n’étaient pas très connus. Mais une année plus tard, en 1986, il y avait des samplers un peu partout sur le marché de la pop, représentant une source de controverse et de fascination technologique, puisqu’ils permettaient à tout un chacun de piller l’histoire de la pop et du rock. Malheureusement, la plupart des artistes ne surent pas en profiter, et se limitèrent à un usage tristement non-futuriste consistant à « citer » les sons et battements classiques de vétérans tels James Brown et Led Zeppelin. Une sorte d’ironie fatiguée était de mise, comme pour suggérer qu’il n’y avait rien de nouveau sous le soleil, et plus rien à faire dans le rock hormis se tourner vers le passé et contempler un âge d’or désormais révolu.
PAS DE TEL DÉFAITISME POUR THE YOUNG GODS, QUI UTILISAIENT LES SAMPLERS D’UNE FAÇON RADICALEMENT NOUVELLE, RECONFIGURANT LE ROCK, LE RÉ-INSPIRANT, RECYCLANT SA MATIÈRE MORTE POUR CRÉER DES NOUVELLES FORMES, UN NOUVEAU FEU.
Ils étaient trois : Franz Treichler (voix), Cesare Pizzi (sampler), Frank Bagnoud (batterie). Un trio sans guitare pour faire du rock : du jamais vu.
En écoutant leur premier bombardement sonore intitulé « ENVOYÉ » on pouvait d’abord croire qu’il s’agissait de rock quintessenciel et métallique ; mais une inspection plus approfondie révélait une texture de boucles sonores générées par des machines plutôt que des riffs faits maison.
C’ÉTAIT UNE VERSION NOUVELLE ET MODERNISTE DU ROCK,
BRILLAMMENT SYNTHÉTIQUE, CAPABLE DE TORDRE LE SON, DE LE CATAPULTER, LE DÉCOLORER, L’EMBRASER, ET QUI ÉCHAPPAIT  TOTALEMENT AUX GUITARISTES TRADITIONNELS DU PUNK OU DU MÉTAL.

Avec leurs deux premiers albums, THE YOUNG GODS (élu disque de l’année 1987 par Melody Maker) et L’EAU ROUGE
THE YOUNG GODS CRÉÈRENT UNE RÉVOLUTION SONORE BRUYANTE.
D’un côté, ils recyclaient et pliaient des vieux bouts de métal récupérés à la ferraille du rock pour en tirer de nouvelles formes (de Motorhead à Gary Glitter, dont ils reprirent « HELLO, HELLO, I’M BACK AGAIN » de façon mémorable sur leur premier disque DE L’AUTRE, ILS EMPRUNTAIENT À LA MUSIQUE CLASSIQUE, non pas banalement pour tirer profit de son faste et de son prestige, mais plutôt en arrachant des gros bouts de ses moments les plus bruyants. Ainsi, le morceau sur « L’Eau Rouge » « LA FILLE DE LA MORT » commence avec des sons d’orgue poussif et grinçant, suivi d’un amoncellement de nuages noirs, puis d’un coup de tonnerre sous la forme d’un extrait de la symphonie No. 5 de Shostakovich.

À TOUT CELA S’AJOUTENT LES PAROLES DÉLIBÉRÉMENT ÉLÉMENTAIRES DE TREICHLER, INVOQUANT LA LUNE, LE SOLEIL, L’OCÉAN, DANS TOUS LEURS MOUVEMENTS ET TRAJECTOIRES, POUR PRODUIRE LE SENTIMENT D’UNE MUSIQUE IMPÉRISSABLE, INSCRITE DE FAÇON INDÉLÉBILE SUR LE GRANITE, TELS LES PETITS BONSHOMMES QUI ORNENT LA COUVERTURE DU DISQUE, UNE MUSIQUE ÉPIQUE, DATANT À LA FOIS D’AVANT ET D’APRÈS L’HISTOIRE DU ROCK.

L’Eau Rouge » le démontre IL S’AGISSAIT D’UNE MUSIQUE QUI NE VISAIT PAS À DÉTRUIRE LE ROCK, MAIS À LE VOILER ET À LE FONDRE, ET À REDÉCOUVRIR SON ESSENCE LIQUIDE.
Il y avait tout de même des repères, comme la « citation » claire de Jimi Hendrix, sous la forme d’un fragment de la fin rageuse et incandescente de « House Burning Down » qui irradie à travers le morceau titre.
En 1991,The Young Gods, réintroduisaient, avec des projets tels que PLAY KURT WEILL, une appréciation des grandes sources musicales européennes. Leurs versions de chansons telles que « MACKIE MESSER » et « SEPTEMBER SONG » étaient une sorte de cubisme sonore, permettant à l’auditeur de redécouvrir ces subversives chansonnettes de pseudo cabaret à partir de nouvelles perspectives. il fallut attendre 1992 et leur disque TV SKY, pour que The Young Gods réussissent enfin à percer commercialement, en particulier aux Etats-Unis. Sans doute leur décision de chanter en anglais les a aidés, mais il ne s’agissait pas là d’une concession mercantile. C’était que le groupe s’était mis à drainer un public plus large. En effet, The Young Gods étaient devenus populaires parmi les Goths, ces drôles d’oiseaux vêtus de noir, sans pourtant être des leurs ; et parallèlement, il y avait une demande croissante pour de la musique dite industrielle (qui était en grande partie inspirée par The Young Gods, notamment Nine Inch Nails). Leur succès populaire, et donc commercial, était mérité de longue date.
Il y eut des changements de personnel. Cesare Pizzi et Frank Bagnoud partirent, remplacés par Al Comet et Use Hiestand. Cela ne modifia pas le modus operandi du groupe. Mais TV SKY est plus reconnaissable dans les traditions urbaines du rock que ses prédécesseurs. Comme Suicide, leur musique donne l’impression d’avoir atteint le pouls basique et motorisé du genre, encore tout entaché d’huile. Elle offre aussi d’énormes horizons et des digressions pour ceux qui osent suivre, comme le morceau « SUMMER EYES » long de vingt minutes, qui re-visite le terrain désertique et « progressif » d’un Pink Floyd à travers un objectif moderniste et fracturé.

LE MEILLEUR DURANT CETTE PÉRIODE, ÉTAIT DE VOIR LE GROUPE JOUER DANS DE GRANDES SALLES PLEINES À CRAQUER. MÊME SI UNE PARTIE DE LEUR MUSIQUE EST GÉNÉRÉE SUR DES ORDINATEURS, THE YOUNG GODS SONT FAITS POUR ÊTRE VÉCUS EN CHAIR ET EN OS, DANS LEUR ÉLÉMENT – COMME EN TÉMOIGNENT LEURS DEUX DISQUES LIVES.
(L’auteur de ces lignes possède une photo de lui-même prise après un show des Gods, détrampé et dans un état de béatitude, avec la chemise à moitié déchirée !)

Arrivés au milieu des années 1990, The Young Gods se mirent encore plus à cultiver leur conscience spatiale du son, en investiguant la musique « ambient » et au-delà. Ecoutez par exemple « MOON REVOLUTIONS » sur l’album de 1995 ONLY HEAVEN, une de leurs plus belles oeuvres. Le morceau s’enclenche avec un riff à l’envers, petit clin d’oeil accéléré vers Hendrix et « Are You Experienced », une guitare échantillonnée qui serpente et qui gicle des volées de lave en fusion. Puis le morceau s’envole et plane comme un condor métallique dans la stratosphère au-dessus des Andes, avant l’arrivée de tambours presque tribaux annonçant une lente fin par immolation. « MOON REVOLUTIONS » mesure l’étendu de la gamme de The Young Gods, de la moelle épinière du riff de rock, jusqu’aux orbites planétaires les plus excentrées.

Avec l’album en 1997 HEAVEN DECONSTRUCTION The Young Gods poursuivirent leurs explorations de la musique « ambient ». Et en 2000 dans SECOND NATURE, Franz Treichler découvrit un concept-clé, ce « LUCIDOGEN », drogue fictive qui ne rend pas comateux et qui n’aide pas les gens à fuir la réalité, mais leur donne plutôt une hyper-conscience leur permettant de voir la vie pour ce qu’elle est. Al Comet et le nouveau membre du groupe Bernard Trontin participaient désormais à la composition de la musique de The Young Gods, leurs contributions et échanges d’idées modifiant et améliorant de façon subtile la texture du son.

Tel est le regard porté par The Young Gods sur la musique « ambient », comme le montre leur album le plus récent (2004) MUSIC FOR ARTIFICIAL CLOUDS, avec ses visions télescopiques à la Hubble d’un au-delà fictif.

LA MUSIQUE « AMBIENT » N’EST PAS FAITE POUR FAIRE DODO DANS UN BAIN DE BULLES NEW AGE ; ET LA « NATURE » N’EST PAS FAITE POUR ÊTRE VÉCUE PASSIVEMENT, SOMNOLANT SUR UN BATEAU. COMME THE YOUNG GODS LE MONTRAIENT DÉJÀ À LEURS DÉBUTS, LE BUT N’EST PAS SEULEMENT D’ACCEPTER LES FAITS MORTS DES CHOSES DANS LEUR ÉTAT, MAIS DE LES ENTREPRENDRE, ET D’UTILISER LA MACHINERIE POUR TORDRE, RECOMBINER « ARTIFICIELLEMENT » LE « NATUREL » POUR LE REFORMER SELON DES IDÉAUX ÉTABLIS PAR L’IMAGINATION. QU’ILS PUISSENT CONTINUER À CE FAIRE ENCORE LONGTEMPS.

David Stubbs (The Wire, Uncut), 2005
Trad : Jeremy Narby

Download XX Years Bio [english, 9 pages, pdf, 1.5 mo]
Download XX Years Bio [french, 9 pages, pdf, 1.5 mo]
Pictures 2005

http://www.younggods.com

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité